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Avant-propos
Introduction
Chapitre I
Chapitre II Chapitre
III Conclusion
Bibliographie Corpus
Contact |
RESUME de la deuxième partie
Chapitre I : de l'incertitude à l'enfermement
Chapitre 2 : de la similitude à l'enfermement
Chapitre 3 : le lexique les différents niveaux
de langue
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RESUME de la deuxième
partie
Le
dialogue dans ses fonctionnements énonciatifs et linguistiques
Nous
nous sommes intéressés, dans la première partie, à la place du dialogue,
à la signification de sa rareté par rapport à l'histoire et aux personnages.
Nous sommes arrivés à la conclusion que la communication verbale est un
acte difficile pour les personnages et qu'elle est au centre de l'intrigue.
Dans cette deuxième partie, nous allons étudier la dialogue à proprement
parler, pour essayer de voir si la grammaire et le lexique nous éclairent
sur les personnages, si la construction même du dialogue correspond à
l'idée que l'on s'est faite des personnages et si elle la renforce. Nous
verrons, tout d'abord, comment à travers l'incertitude que ressent le
spectateur quant au référent de certains termes, le dialogue dévoile une
idée d'enfermement. Cet enfermement se fait également sur le mode de la
similitude et de la répétition des structures, comme nous le verrons dans
le deuxième chapitre. Le troisième chapitre se penchera sur le lexique
: lui aussi montre une répétition mais nous verrons surtout qu'il permet
de fonder l'identité de personnages quant à leur milieu et à leur région.
Chapitre
I : de l'incertitude à l'enfermement
I La part de certitude dans la désignation des locuteurs
A la première personne du singulier " je "
B les deuxièmes personnes du singulier " tu " et du pluriel " vous "
C les troisièmes personnes du singulier " il/elle " et du pluriel " ils/elles
"
D l'indéfini " on " et le pronom " nous "
II L'incertitude du temps
A le temps des verbes
B Les éléments temporels
La temporalité est une notion assez fréquente dans le dialogue. Elle est
représentée par de nombreux termes de nature et de sémantisme différent.
Cependant, malgré cela, la temporalité dans le film La Vie de Jésus est
floue. En effet, il est toujours difficile de déterminer exactement à
quelle époque de l'année, à quel moment de la semaine ou de la journée
nous avons affaire. Le fait qu'il s'agisse d'un film permet de donner
une idée de la chronologie grâce aux images : les changements de saisons
sont perceptibles aux variations vestimentaires des personnages, ou encore
grâce au pinson qui, comme l'a dit Freddy, ne chante qu'au printemps lorsqu'il
n'est plus en cage. Ainsi, lorsque le spectateur voit le pinson dans une
boite, il sait que le printemps est là. Mais la chronologie des événements
est difficile à établir parce qu'en dehors de cela, il y a très peu d'autres
indices qui permettraient de percevoir le déroulement du temps. Dans certains
films, ces indices sont des plans d'une horloge (pour indiquer l'heure),
des plans de journaux (pour montrer la date), ou encore des fondus au
noir ou enchaînés (pour signifier une ellipse temporelle). Dans La Vie
de Jésus, nous trouvons des fondus au noir, mais ceux-ci marquent plus
une coupure, une évolution dans l'histoire que l'écoulement d'un laps
de temps plus ou moins grand. Par ailleurs, la temporalité est difficile
à suivre car, dans le dialogue, les dates ne sont pas précises. Ainsi,
lorsque Marie dit " dimanche c'est le onze novembre ", Freddy répond "
de toute façon on va au " coin perdu " " puis il enchaîne sur " dimanche
on va à Dunkerque " (plan 92). On ne sait pas de quel dimanche parle Freddy.
De plus, le voyage jusqu'à Dunkerque n'est pas montré. On retrouve les
jeunes en voiture au plan 172 sur une route de campagne : on ne sait pas
s'il s'agit du projet de périple à Dunkerque. On ne voit les jeunes aller
réellement à Dunkerque que beaucoup plus tard (plans 309-323) pendant
l'été. Cette incertitude face à la chronologie réelle des événements montre,
de façon symbolique, l'incertitude des personnages face au temps, c'est-à-dire
face à leur avenir.
III La notion
de lieu
A les termes de lieu dans le dialogue
Tous ces termes de lieu sont linguistiquement différents et introduits
par des éléments divers. Mais, on remarque que les lieux qu'ils désignent
sont toujours proches des personnages et se situent aux alentours de la
ville de Bailleul, centre de l'histoire. Le désir d'évasion, d'exil des
personnages les conduit, tout au plus, jusqu'aux limites du département,
qu'ils n'osent franchir. Les personnages restent enfermés dans leurs frontières,
comme ils sont enfermés dans leur vie, et cela ressort dans leurs dialogues.
Par ailleurs, dans un film, les lieux sont davantage décrits par les images
que par les mots. Or, La Vie de Jésus montre beaucoup les paysages plats
et vides des campagnes flamandes ainsi que les rues rectilignes et les
maisons identiques de Bailleul. Les images, en donnant cette idée de monotonie
des lieux, renforcent l'idée d'enfermement donnée par les termes de lieux
employés dans le dialogue.
* * *
A cause de l'incertitude de leur avenir, les personnages se confinent
dans des limites physiques et territoriales qui augmentent leur impression
que l'horizon a disparu . Freddy veut fuir sa vie et Bailleul, mais il
ne désire pas quitter la région : il veut partir à Lille. Pour eux, partir
c'est toujours rester en quelque sorte, comme pour eux, l'avenir n'est
qu'une réplique du présent.
Chapitre
2 : de la similitude à l'enfermement
I La similitude de construction des subordonnées
A Les relatives
B Les complétives
C les subordonnées circonstancielles
D Les interrogatives indirectes et les exclamatives
II La similitude de construction de " c'est +… "
A c'est + X
B c'est + X + suite
C X + c'est + suite
D c'est + subordonnée
III La similitude de construction des interrogations
A Les interrogations intonatives
B les interrogations grammaticales
IV La similitude de construction des négations
A Les négations sans " ne "
B les négations avec " ne "
C les cas ambigus
D la négation sans verbe
* * *
La construction des différents groupes linguistiques montre des similitudes
internes, mais leurs similitudes se recoupent également entre les différents
groupes. Cette construction à l'identique de nombreuses parties du dialogue
donne l'impression que le dialogue se répète, tourne en rond. Les personnages,
enfermés dans leur vie, s'enferment dans leurs paroles. L'ennui et la
monotonie de leur vie se reportent dans leur façon de parler : il n'y
a pas de recherche de construction originale, tout est répétition d'éléments
connus. Cet enfermement, dans le langage comme dans la vie, semble montrer
l'attachement des personnages à des choses connues et simples. Les personnages,
à travers leur façon de parler, montrent l'enfermement de leur vie et
leur peur de s'ouvrir et d'aller vers l'inconnu. Pour eux, l'avenir est
bouché et ressemble étrangement au présent, comme les phrases prononcées
ressemblent à celles déjà dites et à celles qui viendront. Les éléments
du dialogue se répètent comme s'ils étaient placés sur un cercle, par
définition fermé, et comme si les personnages parcouraient inlassablement
ce cercle sans voir d'issue à leur parcours sans fin.
Chapitre
III : le lexique : les différents niveaux de langue
L'étude du lexique pourrait se rapporter à la partie précédente en ce
qu'il montre aussi l'enfermement par la similitude des termes employés
aussi bien à travers leur sens qu'à travers leur phonétisme. En effet,
lorsque l'on regroupe les mots suivant leur famille, on se rend compte
que le nombre des mots employés diminue d'un sixième. Les personnages
emploient dans tout leur dialogue environ 3930 mots mais une fois qu'ils
sont regroupés, ils ne représentent que environ 600 mots. En plus, on
peut les regrouper encore par rapport à leur étymologie ou encore par
rapport à leur sens. On se rend compte alors que le dialogue n'utilise
pas beaucoup de mots différents. Mais le lexique tend essentiellement
à montrer l'appartenance des personnages à un milieu et à une région.
Nous avons de nombreux termes familiers, populaires ou argotiques. Certains
sont utilisés une fois, d'autres à plusieurs reprises.
I le familier, le populaire et l'argotique
A la réduction de noms
B les verbes
C les noms, adjectifs, etc.
D les expressions
Cette quantité de termes familiers renforce l'identité des personnages,
à savoir qu'ils appartiennent à un milieu populaire (par opposition à
un milieu élitiste). Leur langage est le langage quotidien de tous les
jeunes sauf pour des expressions qui leur sont propres ou qui sont moins
employées ailleurs. L'utilisation de ces termes familiers et courants
est rare dans les films et marque la volonté du scénariste de montrer
l'appartenance des personnages à un milieu peu aisé et populaire.
II le régional
L'utilisation
des pronoms et des mots régionaux n'est pas systématique. Elle relève
plutôt du clin d'œil : seulement un personnage, Robert, utilise les pronoms
régionaux et l'article " ch' ", le terme " kauf " est prononcé par Quinquin.
L'utilisation de ces termes renvoie les personnages à leur région, à leurs
racines.
* * *
L'étude du lexique, ou plutôt le relevé des termes familiers, populaires,
argotiques et régionaux, montre que le langage employé par les personnages
n'est pas un langage écrit ou encore un langage épuré. Il s'agit d'un
langage qui leur ressemble : des mots ordinaires, des mots plus familiers,
des insultes, des mots régionaux, de l'argot, etc. Leur langage est pluriel
comme l'est leur être. Cependant, les personnages présentant un accent
du Nord assez prononcé, on aurait pu s'attendre à ce que les termes régionaux
abondent. Cela n'est pas le cas, et les expressions et termes familiers
nationaux sont importants. Le peu de termes régionaux permet à un large
public de voir le film, ce qui n'aurait pas été le cas si les dialogues
étaient truffés de régionalismes. Par ailleurs, l'accent des personnages
permet facilement de déterminer leur origine régionale sans avoir recours
à des termes connus localement.
Cette
deuxième partie montre que la construction du dialogue renvoie à l'atmosphère
du film en général. L'étude du dialogue permet même d'affiner les conclusions
sur l'identité des personnages. Ainsi, on voit que le dialogue est très
construit et que rien n'est laissé au hasard, pour augmenter la crédibilité
de l'histoire. L'être profond des personnages se retrouve dans le dialogue.
Le dialogue, dès la première écoute, donne l'impression de se répéter,
de tourner en rond : cela se confirme lorsque l'on s'y penche de plus
près. Comme ils ne dépassent pas les limites physiques et temporelles
de ce qu'ils connaissent et côtoient tous les jours, les personnages se
limitent dans leurs paroles à des tournures qu'ils maîtrisent.
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